Le fait national au Moyen-Orient

Ce numéro réinterroge la Jordanie au prisme du «?fait national?» et des dispositifs, registres et pratiques d’acteurs pluriels. La construction sociale jordanienne est réexaminée dans les espaces, échelles et généalogie de ce «?faire nation?».Avec le «?fait national?» comme point d’entrée, ce numéro fait état du renouveau de la recherche sur la Jordanie. Ce pays présente paradoxalement une vertu heuristique particulière pour appréhender les processus, dynamiques et conflits inhérents à toute construction nationale. Pourtant le projet jordanien a longtemps été disputé ou contesté, y compris dans les travaux académiques. Le fait national est, dans ce volume, considéré dans sa plasticité, ses imbrications et ses modes d’élaboration multiples depuis plus d’un siècle. Les contributions analysent la manière dont il façonne et est façonné par la société. Ce faisant, elles sortent d’une opposition binaire entre État et société et entre différents groupes sociaux ou catégories figées. Dans une perspective pluridisciplinaire, elles se placent à l’intersection de différents objets et acteurs, ainsi qu’à plusieurs échelles. Grâce à une analyse des dispositifs, pratiques et discours, elles questionnent les régimes de légitimité et de légitimation qui structurent la vie politique, intellectuelle et économique du pays. Il s’agit donc de repenser la Jordanie, au-delà des catégories héritées du mandat britannique, en décryptant, dans leur interaction, aussi bien des formes de nationalisme du quotidien que les discours et mises en scène du régime. En réinscrivant la Jordanie au sein de la mondialisation, ce numéro questionne la notion de souveraineté ainsi que les espaces et théâtres du fait national.