Qossat hadha al-'insân

« L’histoire que j’ai imaginée est simple, mais je l’ai trouvée étrange… Les personnages de mon histoire sont simples, mais je les ai trouvés étranges… Et comme toutes les histoires humaines simples, l’histoire de cet être humain était étrange. » Il s’est assis à contempler son présent et son passé, confiant à ses profondeurs les secrets de son histoire, regardant vers la mer et son immensité… Nous nous sommes assis ensemble, tournés vers son passé, ses voyages, son premier amour, sa mère, son père, son grand-père… Nous regardions ses souvenirs s’étendre au-delà de toute limite… Il n’y a pas de murs pour contenir l’horizon, car en lui réside un autre horizon. Il est le compagnon de ma route et de mes jours, il est mon héros, le héros de mon histoire. Je l’ai vu fœtus sortant des entrailles de sa mère, je l’ai entendu pleurer, comme la majorité des créatures de cette terre. J’ai senti ses pleurs résonner en moi, comme si ses larmes étaient les miennes. Je me suis demandé : pourquoi pleure-t-il ? Pourquoi est-ce que je pleure ? Pourquoi pleurons-nous ? Pourquoi ne rions-nous pas face à cette vie qui nous ouvre les bras en nous disant : « Soyez les bienvenus dans mes demeures » ? J’ai lu son histoire comme si c’était la mienne, comme le récit de mon âme. Je l’ai lue simple, facile, mais je n’ai ressenti que son étrangeté — comme tout ce qui, dans cet univers, est étrange. Ne t’adapte pas aux choses de l’univers au point d’en devenir étranger à sa sagesse ; vis plutôt dans la profondeur de leur étrangeté, pour devenir sage de leur étrangeté.